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Politique de la ville : des maires alertent sur la situation « dramatique » des quartiers prioritaires

Politique de la ville : des maires alertent sur la situation « dramatique » des quartiers prioritaires
Politique de la ville : des maires alertent sur la situation « dramatique » des quartiers prioritaires mercredi 24 mai 2023

« Nous lançons un cri d’alerte au président de la République. » Alors que les maires sont dans l’attente de la prochaine génération des contrats de ville, qui prendront effet le 1er janvier prochain mais dont la philosophie devrait  être dévoilée avant l’été par le président de la République, la tribune publiée ce matin dans Le Monde donne une idée des graves crises que traversent les banlieues les plus pauvres et des « situations dramatiques » qui s’y développent. 

« Détresse alimentaire »

La tribune est signée de 39 maires de communes abritant des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), de toutes tailles – on trouve parmi les signataires la maire de Paris mais aussi ceux de Saint-Martin-d’Hères (Isère) ou de Lormont (Gironde). Il s’agit essentiellement de maires de gauche (PS, PCF ou EELV), mais pas seulement, deux maires « divers droite » ayant signé la tribune. Font également partie des signataires plusieurs membres des instances dirigeantes de l’AMF, dont André Laignel (Issoudun), son premier vice-président délégué, Mohamed Gnabaly (L’Île-Saint-Denis), et Gilles Leproust (Allones), membres du Bureau de l’association, ou Hélène Geoffroy (Vaulx-en-Velin), co-présidente de sa commission Politique de la ville.

Pour ces maires, c’est l’inflation qui est aujourd’hui le problème le plus criant des banlieues populaires, avec une situation de « détresse alimentaire » qui touche de plus en plus de foyers : « Des habitants sont contraints de ne pas manger à tous les repas, et le nombre de personnes qui font appel aux distributions d’urgence alimentaire ne fait qu’augmenter. » 

La deuxième alerte concerne les difficultés de paiement des loyers : « En 2022, la moitié des organismes HLM a enregistré une augmentation de plus de 10 % du nombre de loyers en retard de paiement de plus de trois mois », écrivent les maires, qui savent déjà que cette situation « va indéniablement s’aggraver en 2023 ». Ils rappellent également que le taux de chômage dans les QPV est « 2,7 fois supérieur » à celui des autres quartiers. 

La crise climatique, poursuivent les élus, frappe plus durement les habitants des quartiers pauvres que les autres – les canicules y étant « plus éprouvantes ». « L’affaiblissement des services publics » conduit à une augmentation « préoccupante » du nombre de personnes « qui ne recourent plus à leurs droits », et la dématérialisation des procédures ne résout rien, du fait de la fracture numérique. 

Plan d’urgence

Dans ces quartiers, « les associations sont à bout de souffle » et les collectivités « sont dans l’incapacité de lancer les travaux et doivent revoir à la baisse les projets », notamment du fait de la hausse des coûts, « ce qui amplifie le doute des habitants dans la parole publique ». Ces habitants ont de plus en plus « le sentiment d’être abandonnés par la République ». 

Les maires demandent donc au gouvernement « un plan d’urgence », appuyé sur trois mesures : « un dispositif pérenne de lutte contre la précarité alimentaire », le gel des prix de l’énergie pour les bailleurs sociaux, et un abondement de « deux milliards d’euros » pour l’Anru (Agence nationale de la rénovation urbaine). Ils demandent que les « droits élémentaires » (éducation, santé, culture, sport, sécurité, emploi), soient « une réalité pour tous », et que « le droit commun soit rétabli dans les quartiers populaires ». 

Les maires signataires se disent « disponibles pour contribuer à élaborer des réponses pertinentes », et en appellent « à la responsabilité du président de la République » : « Ignorer ce nouvel appel au secours reviendrait à mépriser la situation de millions d’habitants. » 

Reste à attendre le discours que le chef de l’État doit prononcer sur les nouveaux contrats de ville, baptisés « Engagements quartiers 2030 », comme l’a dévoilé en avril le ministre du Logement, Olivier Klein, pour savoir si l’exécutif entend répondre à cet « appel au secours » à hauteur des attentes des maires et de la population.  

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