Association des Maires et Élus de l’Ariège

Association des maires de l'ariège

Patrimoine : bâtir le récit du territoire

Patrimoine : bâtir le récit du territoire
Patrimoine : bâtir le récit du territoire jeudi 8 décembre 2022

Protéger, restaurer et valoriser, telles sont les trois missions endossées par les élus et leurs agents, sujet d'un forum au 104e Congrès des maires, le 24 novembre. Parfois dans la contrainte, souvent dans la course aux subventions. Mais au final, comme ils en ont témoigné, avec des résultats qui vont bien au-delà de la conservation.

Le président de l’Association nationale des architectes des bâtiments de France (ANABF), Fabien Sénéchal, a donné le ton des débats : «Protéger le patrimoine, ça ne veut rien dire ! Il faut construire un récit en emmenant tous les acteurs. »

Une vision partagée par Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’ordre des architectes, pour qui il faut rapporter l’objet à son contexte et à son territoire en retissant le lien entre le patrimoine et la nature.

Fabien Sénéchal a assuré que les architectes des bâtiments de France (ABF) se tenaient aux côtés des élus pour tenir cet objectif. Karine Gloanec-Maurin, présidente de la communauté de communes des collines du Perche (Loir-et-Cher, 6 300 hab.), co-présidente de la commission des communes et des territoires ruraux de l’AMF et co-présidente du forum, avec David Nicolas, maire d’Avranches (Manche, 7 800 hab.), référent patrimoine de l’AMF, a évoqué une «désertification » des architectes avec des communes en mal d’interlocuteurs ou en manque d’agents spécialisés dans leurs services.

Maider Arosteguy, maire de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques, 26 000 hab.), et Lamine Naham, maire de Trélazé (Maine-et-Loire, 15 000 hab.), ont tour à tour illustré cette notion de récit, chacun selon les dimensions de leur commune. À Biarritz, le volume du patrimoine remarquable est un formidable atout, mais il faut composer avec les menaces climatiques. À Trélazé, le maire s’appuie sur l’histoire de sa mine d’ardoise pour créer du lien social et intégrer les nouveaux arrivants.
 

Favoriser et financer l’engouement

Les élus ne manquent pas de patrimoine sur leur territoire ni d’idées pour le conserver. Mais encore faut-il pouvoir identifier le patrimoine ainsi que les bons interlocuteurs comme l’ont indiqué plusieurs participants. Voir «en premier lieu sa Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), dès que l’on a un projet ! », a encouragé David Nicolas, tout en soulevant l’enjeu de la bonne coordination des différents acteurs et outils en faveur du patrimoine.

Le directeur de la DRAC d’Île-de-France, Laurent Roturier, a confirmé le bon accueil réservé aux porteurs de projets, de toute envergure, soulignant justement, «le succès du fonds incitatif et partenarial », financement (mis en place en 2018) dédié aux monuments historiques des petites communes  à faibles ressources, en particulier en secteur rural.

« Au-delà de l’attribution d’aides financières, notre rôle est de favoriser l’engouement des citoyens pour le patrimoine », a poursuivi Laurent Roturier. Une mission que partage la Fondation du patrimoine, comme en a témoigné sa directrice générale, Célia Verot. «Notre rôle est de travailler en fonction de l’appropriation collective », a-t-elle expliqué, notamment à travers le soutien à l’organisation de collectes auprès des habitants ou les partenariats avec les mécènes.

« Le patrimoine, c’est ce que l’on a envie de garder », a souligné la directrice. L’exposé du cas de la restauration du cœur de ville de La Flèche (Sarthe, 15 000 hab.) par sa maire, Nadine Grelet-Certenais, avec notamment l’intégration d’un complexe cinématographique au sein d’un bâtiment art déco, a permis d’aborder le principe du co-financement pour parvenir à la satisfaction d’un patrimoine vivant. Cette réalisation a été récompensée du prix spécial «dynamisme territorial » au concours 2022 des Rubans du patrimoine, dont l’AMF est partenaire.
 

Rassembler en valorisant

Le lien entre valorisation du patrimoine et développement du territoire est désormais bien connu. Les exemples présentés lors du forum en ont à nouveau apporté la preuve, démontrant de surcroît que ce levier est efficient pour des communes de toute taille et peut s’appuyer sur des budgets très différents.

À Menou (Nièvre, 180 hab.), la restauration de la chapelle de Tête ronde (budget de 160 000 € HT dont 70 % de subvention) a reçu, en 2022, le prix des Rubans du patrimoine mais surtout, comme l’a expliqué sa maire, Véronique Ravaud, elle va servir de point de départ à une dynamique touristique.

À Colombelles, (Calvados, 6 700 hab.), la transformation d’un bâtiment industriel (budget de 7,3 M€ HT), vestige de la sidérurgie, en tiers-lieu (Le WIP) a aussi «redonné sa fierté à une ville qui avait pour image celle de la paupérisation », selon l’expression de son maire, Marc Pottier, également vice-président de l’agglomération de Caen. Un projet validé par les plus âgés, estimant qu’il «respecte l’histoire », se félicite l’élu.
 

Un recensement participatif pour mieux sauvegarder

Le ministère de la Culture a lancé, fin 2021, l’opération Collectif Objets, qui s’adresse directement aux élus locaux. Sur invitation de la DRAC (selon une couverture progressive du territoire), les élus et leurs services sont incités à recenser en ligne leurs objets protégés, via une interface numérique dédiée (en y joignant une photographie et en répondant à un court questionnaire sur leur état de conservation).

En s’appuyant sur ces informations, les conservateurs de Collectif Objets peuvent alors établir un diagnostic et accompagner les communes dans leurs démarches de valorisation, restauration et sécurisation. L’État s’est fixé pour objectif de récoler tous les cinq ans les quelque 260 000 objets et monuments ainsi disséminés dans toute la France.
 

À lire aussi :
Patrimoine : un outil d'aide à la restauration
Un maire audois sauve la tête de sa dernière chapellerie

 

Voir sur le site
Accés rapide