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Ne pas se résigner à la « démocratie de l’abstention »

Ne pas se résigner à la « démocratie de l’abstention »
Ne pas se résigner à la « démocratie de l’abstention » mercredi 6 juillet 2022

Editorial de David Lisnard

Elections municipales en 2020, régionales et départementales en 2021, présidentielle et législatives cette année, une longue séquence électorale s’achève. Au-delà des résultats, ces scrutins laissent un goût amer : celui de l’abstention, constante et très élevée (plus de 50 % des électeurs, sauf pour la présidentielle). Même les élections municipales, longtemps épargnées par ce phénomène, sont désormais concernées. 

Cette démobilisation civique et électorale est une des expressions de la grave crise que connaît notre pays et qui devrait mobiliser tous ceux qui sont attachés à la démocratie. Scepticisme, défiance, indifférence, désintérêt. Au fil des scrutins, nous passons progressivement de la démocratie représentative à la « démocratie de l’abstention ». Désormais massive et structurelle, celle-ci est devenue le premier « parti » de France. Il est donc urgent de remédier à cette déconnexion entre le monde politique, les Français et leur vie quotidienne. 

Plusieurs leviers doivent être actionnés. L’école doit davantage sensibiliser les élèves à la chose publique et renforcer l’éducation civique. Le sentiment commun d’appartenance à la collectivité, à ses règles et à ses usages, s’acquiert dès le plus jeune âge. Les élus locaux agissent en créant des conseils municipaux de jeunes mais aussi en développant de multiples dispositifs de démocratie participative, qui permettent d’associer leurs administrés de tous âges et de toutes conditions à la gestion publique. Et de leur en faire percevoir, au passage, toute la complexité. 

L’efficacité et la performance de l’action publique locale sont aussi déterminantes pour susciter la confiance et l’engagement civique. L’état doit cesser d’éloigner la décision publique des citoyens. Il doit laisser travailler les élus, en privilégiant le principe de subsidiarité dans la gestion des politiques publiques : les maires incarnent la proximité et apportent des réponses immédiates aux besoins des habitants. Là réside la clé de leur confiance dans les élus. L’exécutif doit aussi mettre fin à la bureaucratie, à la prolifération des normes, à la multiplication des procédures qui complexifient et ralentissent les projets et les décisions alors que les administrés veulent des réponses simples et, si possible, rapides à leurs attentes.

Il convient aussi de restaurer le lien fiscal entre les habitants et leur commune que l’état a quasiment supprimé, déresponsabilisant chacun et transformant le citoyen en consommateur toujours plus exigeant de services publics alors même qu’il ne contribue quasiment plus à leur financement. Ce consumérisme fait fi de la responsabilité individuelle et du sens des réalités. Faire communauté passe aussi par le partage de l’effort financier, qui implique et responsabilise le citoyen-contribuable-électeur. Il n’y a pas d’autre voie pour rétablir le civisme, donc la démocratie et le sens de la République.

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